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Les jolis mots / Lou papote

Ce fichu temps qui passe…

Je trouve ça tellement important, en tant qu’habitant de la Terre, d’apprivoiser ce fichu temps qui passe. Et c’est un thème avec lequel j’apprends de plus en plus à faire la paix…

La question du temps qui passe a toujours occupé mes pensées. Je me souviens que, quand j’étais petite, je regardais les mains de ma grand-mère et je les comparais aux miennes. J’observais ses rides et ses petites tâches et, même si je trouvais ça beau, je me disais égoïstement: « Ouf, je suis encore toute petite, j’ai encore plein de temps devant moi ». J’ai grandi aux côtés de ma grand-mère, j’ai donc, très jeune, été confrontée concrètement à l’impact du temps qui passe. C’est peut-être pour ça que cette question tambourine régulièrement sur les parois de ma boîte crânienne. C’est peut-être pour ça que je n’ai jamais vraiment aimé fêté mes anniversaires. 

C’est marrant d’observer à quel point la notion du temps évolue au cours d’une vie humaine. Petit, la vie nous semble infinie, remplie de possibles. Je la pensais assez vaste pour pouvoir accueillir touuus les projets que j’avais dans le cœur. Pour pouvoir tout goûter, tout tester, tout expérimenter, tout voir. J’entendais les grands/vieux dire que la vie était courte et je me disais que c’était vraiment une phrase de vieux cons. Et pourtant… 

J’avance tout doucement vers mes 38 cycles de vie, pour ne pas dire 40. Ce sont des chiffres qui me chipotent beaucoup en ce moment. Peut-être aussi parce que je suis désormais maman et que le temps a mystérieusement raccourci depuis. Je réalise que ce qui m’obsède réellement a moins à voir avec des sillons dans ma peau qu’avec ma créativité. Je regarde ce que j’ai accompli et je souris. Puis je jète un coup d’œil dans ma besace de projets et j’ai le vertige. C’est la première fois de ma vie que je ressens la pression du temps qui passe. Je me surprend parfois à compter les années qu’il me reste (si j’ai de la chance) à vivre avec l’énergie nécessaire pour réaliser ces rêves créatifs. C’est en général à ce moment-là que mes poumons semblent rétrécir. Je sais que ne sont que des pensées limitantes. Mais elles m’emportent quand même parfois. C’est peut-être complètement stupide, ou juste terriblement banal et humain. 

Je réalise que ce qui m’obsède réellement a moins à voir avec des sillons dans ma peau qu’avec ma créativité. Je regarde ce que j’ai accompli et je souris. Puis je jète un coup d’œil dans ma besace de projets et j’ai le vertige.

Et paradoxalement, aujourd’hui, j’arrive à trouver beaucoup de poésie dans ce phénomène d’impermanence lié a la vie. La vie ne dure pas. Elle ne nous appartient pas. Tout comme la planète qui nous abrite. Nos maisons, nos objets préférés nous succèderont. Prendre conscience de cette impermanence nous rend plus humbles. Nous coupe de cette envie humaine toxique de posséder et de dominer. Nous ne sommes que de passage, locataires de nos corps, il est parfois bon de se le rappeler. Dans les bons jours, je me dis que seul le moment présent compte. Et surtout, que vieillir, si la santé est au rendez-vous, est un privilège. J’ai envie de me faire une promesse: en février, mois de ma naissance, j’organiserai une fête pour mon anniversaire. J’achèterai des bougies, j’enverrai des invitations, et j’écrirai une lettre de gratitude à la vie. Je lui dirai MERCI pour cette nouvelle année d’incarnation écoulée. C’est finalement ça, le plus beau cadeau.

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