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Lou papote

À toutes ces femmes avant nous…

Quelques semaines après la naissance de ma fille, j’ai commencé à sentir monter en moi une colère bouillante. Elle trouvait sa racine dans un sentiment d’injustice qui ne me laissait aucun répit…

Une sorte de rage dirigée vers les hommes totalement anachronique au regard de la vie de femme que j’ai la chance de mener en Belgique, en 2023.

J’étais face à la responsabilité et à la charge que représente le soin d’un enfant. J’hallucinais du temps qui commençait à manquer. De l’aide dont j’avais besoin au quotidien. De ce temps plein que la vie venait de m’offrir. Je me suis sentie intimidée par la tâche. Et malgré tout le soutien et toute la présence de mon compagnon, malgré tout l’amour que ressentais pour mon enfant, je me sentais parfois lésée. Et ma vie de femme? Mes projets? Où s’enfuit le temps? Ce sont des sentiments universels qui accompagnent l’arrivée d’un enfant. Mais ils n’expliquaient pas l’incandescence de ma colère…

J’avais l’impression que ce sentiment ne venait pas de moi. Qu’il venait me visiter pour me dire quelque chose d’important du passé. J’ai fini par me dire que cette colère appartenait peut-être à d’autres. Je me suis dit que je ressentais peut-être la colère de touuuutes les femmes qui m’ont précédée. De toutes ces « mamans » qui, avant moi, n’avaient pas eu le soutien du « papa ».

J’avais comme des flash backs d’un temps que je n’ai personnellement pas connu. Je ressentais la chape de plomb de ces femmes, de nos grands-mères, assignées à résidence. Soumises, seules, épuisées. J’ai été parcourue d’une tristesse sourde pendant de nombreux jours. J’étais remplie de compassion pour elles. Pour toutes ces vies entre parenthèses. Toutes ces femmes remplies de vie, de rêves et/ou d’ambitions devenues, au nom de l’amour (de ce que la société en avait fait) prisonnières de leurs foyers. De leurs conditions de mères. Je pensais à tous ces rêves avortés. À ces projets fantasmés de loin. À toute cette créativité muselée.

J’avais comme des flash backs d’un temps que je n’ai personnellement pas connu. Je ressentais la chape de plomb de ces femmes, de nos grands-mères, assignées à résidence. Soumises, seules, épuisées.

Je ne dis pas que toutes les femmes ont souffert de ces vies. Je ne dis pas que la maternité à elle seule ne peut pas être une source suffisante d’épanouissement. Je ne dis pas non plus que ce mal-être global féminin a été fabriqué par les hommes uniquement. Je crois que la société est un organisme complexe, composé d’humains encore plus complexes. Je n’accuse personne, j’ai juste envie d’adresser à mes ancêtre femmes tout l’amour et toute la compassion que je ressens pour elles.

Je voudrais aussi exprimer toute ma gratitude pour la vie que j’ai le droit de mener aujourd’hui. Ces espaces de liberté et d’épanouissement dans mon couple, dans ma vie professionnelle, dans ma vie de femme, dans cette vie humaine. À toutes celles (et ceux) qui se sont battu(e)s, il n’y en fait pas si longtemps, pour nos droits, MERCI. Infiniment merci. Je connais les enjeux, je connais les risques de notre époque, je sais que rien n’est jamais gagné, je sais que la liberté est une notion bien subjective à l’échelle du monde… mais merci pour cette vie de femme et de mère pleine de rêves et de projets que j’ai la possibilité de mener

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