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Lou papote

Je n’ose pas dire: « J’ai accouché »

Cette balade à deux dans la forêt, c’était il y a un peu plus d’un an. Je commençais à avoir le trac. Mes 3 valises étaient prêtes. J’avais tout : des trucs utiles et beaucoup de trucs complètement inutiles (où avais-je lu que je devais emmener mon propre papier-toilette à la maternité?). Bref, tout était prêt.

Tout sauf mon « plan de naissance ». Ça me semblait un peu contre intuitif d’essayer de planifier une expérience aussi imprévisible qu’un accouchement. Je rêvais secrètement d’un accouchement physiologique, par voie basse, puissant et doux à la fois. Comme la plupart des femmes, je suppose. Et pourtant…

Juliette est née il y a 1 an par « voie haute ». Une expérience apparemment tout a fait banale puisqu’aujourd’hui une femme sur 5 donnerait aujourd’hui naissance par césarienne. Pourtant, je n’y étais pas préparée. Et même si tout s’est finalement magnifiquement bien passé (nous étions entre des mains mère-veilleuses), cette expérience m’a privé de quelque chose. Et j’ai eu du mal à définir cette chose. Aujourd’hui, je dirais que j’ai le sentiment d’être passée à côté de la rencontre avec « ma puissance ». Au fond, ce n’est pas moi qui ai fait sortir ma fille de mon ventre… Les rares fois où j’ai osé dire « J’ai accouché », j’ai eu l’impression de mentir. De m’inventer une force que je n’ai pas eu l’occasion de déployer. Et pourtant… depuis le premier jour où j’ai rêvé cet enfant, j’ai fait preuve de puissance, de courage, de force. J’étais déjà maîtresse de cette magie qui habite les femmes depuis la nuit des temps.

Depuis le premier jour où j’ai rêvé cet enfant, j’ai fait preuve de puissance, de courage, de force. J’étais déjà maîtresse de cette magie qui habite les femmes depuis la nuit des temps.

J’ai rêvé d’être mère 865 fois depuis mes 3 ans, je me suis battue pour qu’un petit embryon s’accroche, j’ai dû me battre pour que l’impatience ne m’abatte pas, j’ai vu des dizaines de médecins et d’infirmières, j’ai douté, j’ai eu peur, j’ai revu ma façon de consommer, j’ai fait une thérapie pour devenir une meilleure humaine, j’ai écouté 88 épisodes de podcasts, lu 6 livres, j’ai cohabité avec ma petite fille 9 mois dans mon propre corps, je lui ai parlé, je lui ai joué de la musique, j’ai préparé sa naissance comme l’intronisation d’un monarque, j’ai fait attention à ce que je mangeais, buvais… pensais, ressentais aussi. J’ai accueilli des centaines de contractions, pendant près de 12 heures. Alors oui, « J’AI ACCOUCHÉ ». Mieux encore: « J’ai donné naissance ».

À toutes les femmes qui ont donné la vie,
À toutes les femmes que la vie a privé de cette chance,
À toutes les femmes qui ne souhaitent pas la porter,
Vous êtes détentrices d’une puissance infinie,
Celle-là même qui est à l’origine de la vie sur terre!
Ne laissez personne vous laisser croire le contraire.

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