Pendant des années, Sophie, 48 ans, a étudié le marché de la cosmétique industrielle de près… pour mieux s’en détourner! Avec MakeSenz, sa marque de produits naturels, elle encourage les femmes à sublimer leur beauté plutôt qu’à la traficoter
Comment a débuté l’aventure MakeSenz?
« J’ai suivi des études en sciences économiques et en relations internationales et j’ai ensuite travaillé dans la consultance pendant 1 an et demi. J’en ai rapidement eu marre! J’ai ensuite œuvré 13 ans pour une grosse boîte de cosmétiques allemande, dans le marketing principalement. Au terme de ces 13 années, j’étais dégoûtée par cette industrie.
Au niveau personnel, je ressentais l’envie de revenir à des produits plus naturels. Plus en lien avec ce en quoi je crois. Je me suis alors formée en aromathérapie chez Pranarôm, juste parce que ça m’intéressait. Et j’ai trouvé ça passionnant! Je me suis demandée pourquoi on n’utilisait pas davantage les huiles essentielles en cosmétiques. Et puis un jour, en vacances, en discutant avec une amie, on s’est dit: ‘mais pourquoi on ne créerait pas des produits nous-mêmes?’. On a pris une feuille de papier, on a étudié le concept… et c’était parti! »
À quoi fais-tu référence quand tu évoques un dégoût de l’industrie cosmétique?
« J’avais fait le tour. Je trouvais que les décisions étaient super politiques et stratégiques, sans jamais tenir compte du capital humain. On supprimait des produits d’un claquement de doigt sans réfléchir aux personnes responsables de ces produits. Et puis, à cette époque, on commençait à parler des cosmétique bio. Il y a eu un projet en interne en ce sens… sauf que ça n’avait rien de bio. C’était du bullshit, du greenwashing. Je n’avais pas envie de continuer là-dedans, alors j’ai profité d’une grosse période de licenciement pour partir. »
Quelle est la spécificité des produits MakeSenz? Ce sont des produits naturels… et bios?
« Au départ, on a créé MakeSenz car on voulait créer des produits plus sains: nos produits contiennent au minimum 98% d’ingrédients naturels. La partie écologie est venue plus tard. On s’est dit qu’on allait faire attention aux ressources utilisées, mais ça restait balbutiant. On utilisait encore du plastique dans nos packagings. Désormais, on est passé au circulaire: on propose aux clients de ramener leurs pommadiers en verre, on les lave et on les réutilise. Quant aux produits liquides, les clients peuvent venir remplir eux-mêmes leurs contenants en boutique. On prête aussi attention à l’approvisionnement de nos matières premières, même si ce n’est pas encore parfait. On tente chaque jour de s’améliorer. Au final, c’est un processus assez naturel, qui s’intègre dans ma conscience écologique personnelle. Mon papy était agriculteur: j’ai passé toute mon enfance à la ferme, près de Tournai. J’ai un lien à la nature très fort de par ces milliers de souvenirs à la campagne… »
Pourquoi l’industrie cosmétique « classique » continue d’utiliser des ingrédients qui ne sont pas issus de la nature?
« Quand tu travailles avec des produits naturels, tu travailles avec des ressources limitées. Tu es soumis au cycle de la nature, ce qui complexifie la gestion au niveau de la chaîne de production. L’industrie cosmétique fonctionne avec des process bien rodés et optimisés pour en retirer le maximum au niveau de la rentabilité. Il leur est impossible d’atteindre le même niveau de volume et de rentabilité s’ils intègrent des produits naturels dans la chaîne. Les petites marques comme la mienne ont donc une capacité limitée de croissance. Après, il y a aussi un côté économique évidemment: les ingrédients naturels coûtent plus cher à l’achat. »
Le naturel est-il plus efficace?
« Pour moi, ce n’est pas une question d’efficacité. C’est une question éthique, presque philosophique. Je préfère utiliser des produits sur ma peau qui sont en lien avec la nature, le vivant, l’humain, plutôt que des produits synthétisés en laboratoire, qui sont des produits morts à mes yeux. A côté de ça, je suis convaincue du pouvoir des huiles essentielles sur la qualité de la peau. »
Pour se confronter à son reflet vieillissant, je pense qu’il faut une prise de recul générale, mais aussi du mouvement: bouger, sortir, rire, profiter…
Quel est ton rapport à la beauté?
« J’aime l’idée d’une beauté naturelle sublimée. Je trouve important de se donner les moyens de conserver une beauté authentique, sans vouloir modifier les choses. Il faut se servir de ce que l’on a, à la base, en s’aidant de bons produits. Le botox, par exemple, ce n’est pas ma tasse de thé. Je ne critique pas et je comprends les personnes qui y ont recours, mais ça ne me parle pas. Ce n’est pas agréable de se voir vieillir, je me rends bien compte que ça peut même être très challengeant. Mais je suis persuadée que c’est plus épanouissant et plus bénéfique pour notre santé mentale de rester authentiques.
Pour se confronter à son reflet vieillissant, je pense qu’il faut une prise de recul générale, mais aussi du mouvement: bouger, sortir, rire, profiter… Ce sont des outils qui m’aident à vieillir sereinement, mais chacun doit trouver ce qui lui convient. Au final, on va tous devenir vieux et mourir! Autant ne pas perdre d’énergie à s’acharner à contrecarrer le temps. »
Un petit mot sur le sérum Bonne Mine, qu’on retrouve dans la boîte fête des Mères?
« Ce produit a émergé de nos ateliers que l’on donnait à nos clientes pour qu’elles fabriquent elles-même leurs produits. On a fini par le mettre en rayons car les retours étaient très positifs. C’est un peu le chouchou des clientes, il va à tous les types de peaux et il donne un éclat assez rapidement. Sans oublier l’odeur que je trouve particulièrement addictive. »
Quelles sont les valeurs que tu partages avec Tiroir de Lou?
« Comme dans l’industrie cosmétique, l’industrie de la joaillerie a parfois mauvaise presse. Il arrive que ce qu’on porte ne soit pas très respectueux de l’humain et des matières premières. Tiroir de Lou est dans une démarche qui tente de rendre cette industrie plus éthique, plus durable, comme Make Senz. »
Les produits Make Senz se découvrent en ligne, par ici ou en boutique, à l’adresse Rue Simonis 60 – 1050 Ixelles.
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