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Les jolis gens

Nastasya et l »Histoire sauvage » de sa marque éthique pour les petits

Nastasya Honoré est la maman de 5 enfants: Brune, Olga, Liv et Casper… et Histoire Sauvage, une marque de vêtements éthiques pour enfants. Des robes, des blouses et autres joyeusetés en lin, pour les bambins qui aiment danser et explorer. Il était une fois… une Histoire Sauvage.

Quand je pense à l’enfance, je pense à la nature. Je m’imagine des balades en forêt, des pique-niques au bord de l’eau, des jardins japonais, des poiriers dans le verger! Avec Histoire Sauvage, Nastasya Honoré, 35 ans, conjugue l’univers de nos têtes blondes avec le respect de la nature, en proposant des vêtements dans lesquels danser et virevolter, fabriqués en lin, une matière respectueuse de la nature. Maman de 4 enfants aux prénoms poétiques — Brune, 8 ans, Olga, 7 ans, Liv, 5 ans et Casper, 2 ans —, Natasha jongle avec une vie de famille bien remplie et une entreprise pleine de sens. 

Photo: Elodie Deceuninck

Comment a commencé l’aventure d’Histoire Sauvage?

“J’ai eu deux vies! À la base, je suis neuropsychologue dans le domaine des troubles de l’apprentissage, des difficultés scolaires, du TDAH. J’ai fait une thèse de doctorat et ma carrière en recherche a duré 8 ans. Mon projet de recherche venait de se terminer, j’allais accoucher d’une petite dernière… Je devais écrire un dossier pour trouver de nouveaux financements… Puis j’ai accouché de ma petite dernière!

J’ai depuis toujours une passion pour la couture et le tricot, je cousais déjà beaucoup pour mes filles et mes amies me disaient que je devais vendre mes créations. Finalement, j’ai décidé de me lancer! D’arrêter la recherche pour un temps pour essayer de créer une marque éthique.” 

Tu as vécu cette transition comme une crise personnelle?

“Non, parce que je n’ai pas eu le sentiment de devoir tout lâcher. Mes contrats dans la recherche étaient de toute façon à durée déterminée. Et puis, j’aimais ce que je faisais! Ce qui me dérangeait par contre, c’était le côté très compétitif du métier. C’est un domaine assez masculin: on ne me félicitait pas quand j’étais enceinte, au contraire, on me disait que j’allais perdre des neurones (rires). Je suis quelqu’un de très humain, très maternel, donc ce côté-là me chiffonnait. Les neurosciences sont un domaine où l’émotionnel n’a que très peu de place. La vie privée passe après. Mais au-delà de ça, j’étais aussi lassée de cette course incessante aux financements. De cet organisme, l’université, qui ne se soucie pas de toi en fin de contrat. Ce n’est pas très gratifiant! Finalement, Histoire Sauvage fut un accouchement sans souffrance: coudre était ma passion, je n’avais plus de contrat, c’était le moment idéal! Et puis, j’ai découvert l’ikigai!”

Tu peux m’en dire plus sur cette méthode?

“J’ai découvert l’ikigai pendant mon dernier projet de recherche. J’avais participé à une formation sur l’intelligence émotionnelle. L’un des exercices proposés consistait à trouver l’intersection entre ce qu’on aime faire, ce pour quoi on a un talent et ce qui est bon pour le monde. C’est là que j’ai réalisé que je voulais créer des vêtements pour enfants… mais en mieux! Je voulais le faire bien. Créer des vêtements fabriqués sans traitement chimique, de manière éthique tout au long de la chaîne de production. Selon le principe d’ikigai: le bonheur s’atteint quand on trouve sa vocation. Je me suis dit que je n’aurais jamais de regret si j’essayais!”

Selon le principe d’ikigai: le bonheur s’atteint quand on trouve sa vocation. Je me suis dit que je n’aurais jamais de regret si j’essayais!

Comment as-tu appris à coudre?

“Ma passion pour la couture me vient de ma maman: elle a toujours créé tous nos rideaux à la maison, elle réparait aussi les vêtements que l’on ramenait troués de la cour de récré. Elle était bénévole dans le textile pour une marque belge de lin qui donne du travail à des femmes congolaises. J’ai grandi dans le lin! Cette enfance m’a donné le désir de créer moi-même: quelle satisfaction! J’adore ce qui est fait maison, j’aime l’idée de pouvoir tout ‘sourcer’. De savoir d’où vient le tissu de ma jupe.”

Photo: Elodie Deceuninck

Je sais que l’industrie du textile est assez opaque. Ça n’a pas été difficile pour toi de trouver un lin respectueux de la planète?

“Si, ça n’a pas été évident, car je ne voulais faire aucun compromis. À la base, je voulais du coton et du denim, mais on m’a ri au nez quand j’ai demandé un complément d’infos sur les étapes de création. Personne ne voulait me donner ces détails. Il y a vrai souci d’opacité, que j’ai ou observer de près. C’est horrible! J’aurais pu fermer les yeux mais je n’ai pas pu…

Le lin a alors été un choix évident car il s’agit d’un produit fabriqué en France et en Belgique, qui ne demande pas d’irrigation, peu ou pas de pesticides.

Finalement, cette matière semblait être la solution parfaite. Mais même là, ça a été compliqué: je recherchais des produits labelisés Masters of Linnen (qui certifie que toute la chaîne de production se fait en Europe, de la culture au filage, en passant par le tissage et la teinture). J’ai vite compris que même les fournisseurs détenant ce label ne pouvaient pas toujours justifier chaque étape de production. Il y a de gros problème de corruption à ce niveau. ”

Qu’as-tu décidé de faire par rapport au fameux label?

“Je suis parvenue à trouver un fournisseur de lin lithuanien, qui ne détient pas de label mais qui est 100 % transparent. Tout est fait chez eux et la fibre en tant que telle provient principalement de France. C’était difficile à trouver car même si la fibre vient de chez nous, elle est souvent filée en Chine… ce qui est ridicule”.

Photo: Elodie Deceuninck

Ça ne t’a jamais découragée? 

“Si, complètement! J’ai souvent pleuré, je me disais que je n’y arriverais jamais. Mais comme je m’étais lancée, je ne voulais pas tout arrêter.”

Outre l’aspect production, tu penses aussi tes collections pour qu’elles perdurent dans le temps?

“Oui, j’aime l’idée d’acheter moins, mais mieux, même lorsqu’il s’agit d’enfants. J’aime me dire que nos petits bouts peuvent avoir 7 hauts, 7 bas et s’en sortir comme ça! C’est pourquoi je crée des modèles simples, qui fonctionnent entre eux. Aussi pour pousser à l’autonomie des enfants, qui peuvent du coup s’habiller seuls. Le fait que mes modèles soient amples n’est pas non plus le fruit du hasard: ça permet de les porter longtemps. Mes filles portent certains de mes modèles depuis trois étés. Au début, ça leur arrivait aux pieds, puis mi-mollets et maintenant, les robes sont à hauteur de leurs genoux. Dans un autre registre, je veille à ce que mes modèles soient équipés de poches. C’est essentiel pour moi d’encourager la liberté des enfants, le jeu… Les enfants sont de grands explorateurs: ils glanent des feuilles séchées, des glands, des cailloux… Avec Histoire Sauvage, ils peuvent cacher tous leurs trésors dans leur grande poche. »

Sur ton site, que se cache-t-il derrière l’onglet “deuxième vie”?

“On reprend les vêtements en fin de vie. Le prix est régressif en fonction de l’état du vêtement. De notre côté, on répare les pièces qui ont besoin d’un petit coup de neuf et on les remet en vente. Si le vêtements est complètement KO, on fait de la récup’ et on le transforme! J’ai par exemple créé des sacs de gymnastique avec les anciennes jupes de mes filles. Je crée aussi des mouchoirs en tissu! Bref, je réfléchis à donner une seconde vie aux vêtements, ça fait partie d’une démarche globale de respect de l’environnement.”

Comment est apparue ta conscience écologique? L’état environnemental te provoque parfois de l’anxiété?

« La maternité a été un tournant dans ma vie. J’ai changé énormément de choses dans mon mode de vie. Désormais, je ne vais plus jamais au supermarché, je suis passée aux langes lavables. Je fais une poubelle en 6 semaines, alors que j’ai 4 enfants. J’étais déjà consciente de tout ça avant la naissance de ma première fille mais c’est à la naissance de la troisième que je suis parvenue à mettre en place tous ces changements. Il faut du temps pour s’adapter. Quand j’étais plus jeune, je consommais énormément de fast fashion. Le déclic est venu petit à petit, grâce aux podcasts que j’ai écoutés, aux documentaires que j’ai vus. J’ai pris le temps de me renseigner et ça a fait un effet boule de neige. Ça n’enlève pas mon anxiété mais ça me donne l’impression d’agir. Je respecte l’environnement et l’humain et j’essaye d’irradier ces gestes à mon entourage. Je parviens à sensibiliser quelques proches et ça me fait du bien, même si c’est lent. »

Et pour finir, une question plus perso’: comment fais-tu pour concilier ta vie de maman de 4 enfants avec ce projet entrepreunarial?

“Ce qui m’aide, c’est que mes enfants passeront toujours avant tout le reste! Une fois que je suis à leurs côtés, j’arrive à tout oublier, même le stress du boulot. Quand je suis avec eux, je suis vraiment avec eux! Mais si je dois être tout à fait sincère, j’ai eu des gros moments de découragement. Je ne m’étais pas trop renseignée sur les difficultés de l’entreprenariat, et tant mieux, car sinon, je ne l’aurais jamais fait! Ça fait un an et demi que le projet est lancé et je n’en vis pas encore. Mais je sais pour quelles raisons je travaille. Et ça me rend très heureuse! »

Pour explorer les jolies collections d’Histoire Sauvage, rendez-vous par ici. La bonne nouvelle, c’est que vous pourrez découvrir la marque en vrai de vrai lors du marché de Noël Slow Ho Ho, qui aura lieu du 8 au 11 décembre.

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