Dans son atelier bruxellois, Marie Busana ressuscite de vieux meubles en bois, qui ressortent de ses bras requinqués, relookés et prêts à embrasser leur nouveau foyer.
À l’Atelier Bé, le vintage s’offre une seconde vie. Marie, amoureuse des puces, glane du mobilier qui aurait pu terminer à la décharge, pour leur redonner une seconde vie. Elle rafistole des tables de chevet sixties et donne de la couleur aux commodes seventies, en conservant toujours le charme d’antan. J’ai papoté avec cette grande bricoleuse…
Comment est né l’Atelier Bé?
« J’ai été institutrice pendant 11 ans. Mais un jour, j’ai eu envie de changement; je ressentais un besoin criant de mettre mon énergie dans un projet qui me permettrait d’obtenir des résultats tangibles, ce qui n’est pas le cas dans l’enseignement. Ce métier m’épuisait, car il nécessite de ne jamais sortir du cadre. Et puis, j’étais dans une école compliquée avec des enfants difficiles. A côté de ça, j’avais toujours adoré chiner. Je me suis lancée petit à petit dans l’Atelier Bé, d’abord à mi-temps. Et il y a quelques années, j’ai sauté le pas et j’en ai fait ma principale activité. »
Tu as appris toute seule à retaper des meubles?
« Oui, d’abord pour moi et puis pour mes enfants, quand ils sont nés. J’ai ensuite suivi des formations ponctuelles en relooking de meuble, en peinture… J’ai aussi suivi une formation d’antiquaire, de menuiserie. J’ai toujours été quelqu’un de manuel. Depuis petite, j’aime beaucoup dessiner. Mais je suis aussi une amoureuse des gens! J’adore faire des rencontres, je suis tout sauf solitaire! C’est d’ailleurs pour ça que j’ai fait des études d’institutrice à la base: je voulais travailler dans l’humanitaire. Et le boulot d’institutrice est un job nomade! Avec Atelier Bé, je suis toute seule et ça me pèse parfois un peu. Pour continuer à avancer, je trouve ça bénéfique d’être entourée. C’est pour ça que j’adore discuter avec Stéphanie, de Tiroir de Lou, ou Kim Verbeke. »
Tu viens d’une famille de chineurs?
« J’ai toujours chiné avec ma maman et mon papa, des meubles, mais aussi des vêtements. C’est clairement eux qui m’ont transmis cela. A côté de ça, j’étais la seule fille au milieu d’une fratrie de trois. J’ai vite été baignée dans un univers plus masculin, c’est sans doute grâce à mes frères que je n’ai jamais eu peur de bricoler. Avec mon mari, on a retapé deux appartement qu’on a également voulu meubler. C’est comme ça que j’ai appris, par l’essai-erreur: je me suis plantée sur plein d’aspects avant d’y arriver. J’ai abîmé des meubles en les ponçant de trop, j’ai utiliser de la peinture qui laissait des cloques sur le bois. Et puis, je me suis améliorée! »
Comment t’y prends-tu pour dénicher les meubles que tu choisis de relooker?
« Comme je fais ce travail depuis 8 ans maintenant, certaines personnes me contactent s’ils ont des meubles dont ils désirent se débarrasser. A côté de ça, je passe beaucoup de temps sur Marketplace, chez Troc, sur des brocantes. J’opte pour des jolis meubles qui ont vraiment une ‘gueule’, mais que je vais pouvoir rendre plus moderne grâce à un coup de peinture. Des beaux buffets des années 70 en acajou ou dans des essences de bois différentes, que je vais ensuite enduire d’une peinture pastel. J’ai aussi des commandes bien spécifiques. C’est très varié! »
Quel est ton style favori de mobilier?
« Des meubles des années 60, 60 ou 70. Je n’aime pas tout ce qui trop cubique ou métallique. Je prête une grande attention aux pieds et aux poignées du mobilier puisque tout, chez Atelier Bé, est d’origine! »
Céleste, Germaine, Capucine… Pourquoi donnes-tu des prénoms aux meubles que tu vends?
« Les objets que je récupère ont une âme, une histoire! Ce sont parfois des anciennes machines à coudre, des radios… que je transforme. Leur donner un prénom est la façon que j’ai trouvée pour faire valoir cette histoire et montrer que ce n’est pas un simple meuble du géant suédois. J’adore aussi raconter ces histoires aux clients qui passent à l’atelier. »
L’artisanat pour toi, c’est…
« Super gratifiant. Tu pars d’un objet assez vilain, ou d’une matière première, et tu arrives à obtenir un chouette résultat, qui ravit tes clients. Quand on est artisan, on déploie son énergie dans quelque chose de tangible, qui va durer longtemps. On offre un peu de soi aux gens. Et je trouve ça magique! Le retour de mes clients me fait énormément de bien, c’est ça qui me fait avancer! Je suis aussi touchée de voir la confiance qu’ils me portent: parfois, on m’amène un meuble d’une grande valeur sentimentale en me demandant d’en prendre soin. »
Quand on est artisan, on offre un peu de soi aux gens. Et je trouve ça magique!
Quelle est la demande la plus marquante que tu aies eue?
« Une femme est arrivée un jour dans mon atelier avec un petit meuble que son compagnon avait hérité de sa grand-mère. Il avait une grande valeur sentimentale pour son amoureux, mais n’était pas à leur goût. Je l’ai relooké complètement, elle était super heureuse du résultat! Elle a glissé une bague à l’intérieur et c’est comme ça qu’elle a fait sa demande en mariage… Trop mignon! »
Est-ce que tu vois une évolution dans les critères d’achat de tes clients, par rapport à tes débuts?
« Oui, bien sûr! Les gens en ont marre d’êtres des moutons au milieu de ce monde. Et puis, avec la pandémie, beaucoup de personnes se sont retrouvées coincées chez elles, ce qui leur a permis de se rendre compte de l’importance d’un intérieur soigné. D’une déco qui a une âme. Ils ont eu envie d’acheter des objets qui leur ressemble, plus authentiques. »
Quelles sont les valeurs que tu partages avec Tiroir de Lou?
« On met toutes les deux une dimension artistique derrière les objets que l’on crée. On ne fait pas que vendre des produits: on met l’artisanat et le savoir-faire en évidence. L’humain est au centre de notre démarche ».
Découvrez les trésors de l’Atelier Bé par ici et lors de la cinquième édition de Slow Ho Ho, mon marché de Noël éthique, qui aura lieu du 8 au 11 décembre.
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