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Les jolis gens

Kim Verbeke: la céramiste qui nous aide à nous reconnecter à la Terre

Kim Verbeke est magicienne: elle transforme l’argile en tasses sublimes, en vases délicats, en assiettes organiques. Quoi que l’on déguste dans sa vaisselle, on se régale avec les yeux. Ensemble, on a discuté d’artisanat, d’entrepreunariat et de… nature.

Si vous suivez un peu Tiroir de Lou, le travail de Kim ne vous est certainement pas inconnu. Déjà, parce que c’est une humaine magnifique et une amie qui m’est chère. Ensuite parce que je suis admirative de son travail. Mais aussi parce que nous avons un bébé commun! Chaque année, depuis 5 ans maintenant, nous créons une bougie magique à quatre mains, baptisée « Luciole » : une bougie en cire végétale, coulée dans un joli pot en porcelaine, qui renferme un bijou créé spécialement pour l’occasion. C’est devenu notre petit rituel magique à l’approche de Noël.

Comment la vie t’a-t-elle menée à la céramique?

« Je suis biologiste de formation. J’ai travaillé une dizaine d’année dans le secteur de l’énergie. Mais j’ai toujours été fascinée par l’artisanat. Petite, j’adorais comprendre comment on fabriquait les objets qui m’entouraient. Je trouvais ça génial de découvrir le lien entre la matière première et le résultat final. Mais quand j’avais compris comment ça fonctionnait, je passais à autre chose. Pour la céramique, ça a été différent! J’avais découvert cet art en visitant des villages de potiers en vacances avec mes parents. J’ai eu la chance d’avoir une famille qui m’a sensibilisée aux belles choses. Je me rappelle que, petite déjà, je ramenais toujours des petits pots de mes vacances. Mais dans mon esprit de petite fille, je ne réalisais pas encore qu’on pouvait faire ça soi-même. Puis à 22 ans, j’ai fait un stage d’une semaine chez une potière. J’ai trouvé cela magique! »

Comment définirais-tu ton approche de la céramique?

« J’ai toujours eu besoin d’une connexion profonde avec la Terre. La nature est ce qui m’anime. C’est essentiel pour moi. Ce n’est donc pas anodin que ce soit l’argile qui m’ aide à m’ancrer. J’aurai pu choisir la sculpture, faire de l’art, mais je suis beaucoup plus sensible au côté utilitaire de la vaisselle. Pour le moment, je ne souhaite pas créer d’objets purement décoratifs. Je perdrais un peu le sens que je souhaite donner aux objets que j’aime créer. Je dis souvent que je préfère que les objets soit beaux ET utiles. Si l’on l’utilise, ça a tellement plus de valeur à mes yeux! J’aime que mes céramiques soient employées au quotidien, qu’elles servent dans la vie de tous les jours. Pour déguster quelque chose de bon seule, où lors d’un moment de partage avec des proches. J’aime l’idée de créer des ressentis, des émotions. Je crois d’ailleurs que tous les artisans cherchent à provoquer des émotions chez les gens. Moi, c’est par le biais de l’argile! »

J’aime que mes céramiques soient employées au quotidien, qu’elles servent dans la vie de tous les jours. Pour déguster quelque chose de bon seule, où lors d’un moment de partage avec des proches.

Pourquoi avoir choisi ce médium? Qu’est-ce qui t’attire dans le travail de l’argile?

« J’aime la temporalité. On ne peut pas aller vite quand on fabrique de la céramique. Ce matériau nous oblige à ralentir et à lâcher prise sur ce qu’on ne peut pas contrôler: le temps, les saisons… Car la poterie est liée de près à la saisonnalité. En hiver, les pièces sèchent lentement car l’humidité est importante. En été, je dois parfois couvrir mes pièces pour ralentir le rythme de séchage. Les pièces risquent de se fissurer si elles sèchent trop rapidement. Parfois, on aimerait que ça aille plus vite — c’est un réflexe — mais c’est très bien que ça ne soit pas le cas. Ça nous replace à notre place d’être humain. Avant, je travaillais pour un bureau de consultance: certains jours, je ne savais même pas s’il avait fait beau dehors… La météo fait désormais partie de mon quotidien. La céramique m’oblige à être attentive à l’environnement et à la nature. »

On ne peut pas contrôler à 100% le résultat à la sortie du four, si ?

« Non, et c’est que j’aime dans la céramique. Chaque pièce est unique et donc, d’une certaine façon, imparfaite! C’est d’ailleurs l’essence de l’artisanat. Avec le travail des mains, la perfection n’existe pas. Je ne suis pas une perfectionniste dans l’âme: j’adore l’imperfection, ça amène de la vie! Imaginez un monde parfait… On s’ennuyerait tellement! La perfection est lisse, aseptisé. Heureusement que nous avons tous des caractères différents, c’est ce qui nous rend humains. C’est la même chose pour les pièces que l’on façonne: sans leurs mini différences, leurs mini imperfections, elles ne toucheraient pas les gens. Ce sont les détails, les irrégularités, qui font que nous allons être attiré par un objet et pas un autre. Attention toute fois: imparfait ne veut pas dire mal fait. Je fabrique des objets solides, durables qui cachent une grande technicité. La céramique nécessite un travail rigoureux et de qualité. »

Cela doit être terriblement frustrant parfois…

« Oui, mais cela remet bien à sa place: on se doit de rester modeste par rapport à la matière première. On ne la contrôle pas. Quand j’enseigne la céramique, je dis toujours à mes élèves qu’ils ne doivent pas essayer de contrôler l’argile. C’est un travail d’équipe; entre eux et la matière. Si vous êtes stressé, que vous n’êtes pas centré, ça ne fonctionnera pas. La céramique nous enseigne beaucoup sur notre état intérieur. Si vous êtes tendu, vous ne pourrez pas travailler. Il faut énormément de douceur, de délicatesse, mais aussi de la fermeté. Même la position du corps est étudiée: il faut qu’elle soit ferme et élastique en même temps. Je me considère comme cohéquipière de l’argile: je l’accompagne, je la guide grâce à quelques gestes très précis. »

Si vous êtes stressé, que vous n’êtes pas centré, ça ne fonctionnera pas. La céramique nous enseigne beaucoup sur notre état intérieur.

Tu travailles sur des séries, mais aussi sur des pièces uniques plus conséquentes. As-tu une activité que tu préfères?

« En général, je travaille le matin sur les grosses pièces, comme les vases. Je n’en fais jamais en série, ce sont des pièces uniques. J’ai appris à écouter mes énergies pour organiser ma journée. Si je suis énervée, je ne vais pas m’atteler à une grosse pièce. Je vais émailler, poncer… Faire une tâche plus automatique. J’ai besoin de moments calmes et doux pour me lancer dans les pièces uniques. Mais j’aime aussi travailler en série car cela me fait méditer. Le travail et l’énergie ne sont pas les mêmes, elles sont juste différentes et j’ai besoin des deux pour être en équilibre ».

Quelles sont les plus grandes difficultés que tu rencontres en tant qu’artisan?

« Le volet financier et les incertitudes qui en découlent, surtout dans le contexte actuel où les prix de l’énergie explosent. Après, cet aspect propre à l’entreprenariat représente aussi un certain moteur: ça permet de mesurer la valeur de notre travail. Je suis consciente que j’ai une chance inestimable de pouvoir vivre d’un métier passion: c’est ma plus belle réussite et aussi, une grande fierté.

Etre entrepreneur nous oblige à être à l’écoute de nous-même, d’être en éveil spirituel. On est obligé de se poser énormément de questions: ce qui est très riche et en même temps parfois très fatiguant. »

Quelles sont les valeurs que tu partages avec Tiroir de Lou?

« L’authenticité! On veut toutes les deux proposer quelque chose qui vibre en nous et que l’on va transposer par notre médium (l’argile vs le métal). On essaye aussi toutes les deux d’amener des émotions à travers ce que l’on façonne. De manière générale, la nature est essentielle pour chacun d’entre nous et on essaye de lui faire une belle place dans notre travail. D’une certaine façon, on essaye de connecter les gens à la nature via nos créations, en sublimant ce qu’elle nous offre. Inconsciemment, on ressent cette connexion à la matière première quand on s’offre l’une de nos créations et c’est ça que l’on recherche: quand j’ai une tasse en main, je la caresse, je m’ancre. Les bijoux de Tiroir de Lou reflètent la lumière: ce sont presque les rayons du soleil que l’on retrouve dans l’or. Personnellement, on a aussi un lien très fort. Stéphanie est une personne que j’admire beaucoup. Si l’aventure Kim Verbeke x Tiroir de Lou fonctionne, c’est avant tout parce que c’est une aventure humaine où se rencontrent deux personnes animées par les mêmes valeurs fondamentales, une certaines vision de la vie et de l’humain. »

Pour en savoir plus sur le travail de Kimje vous laisse allez zieuter par ici! Vous pourrez découvrir la marque lors du marché Slow Ho Ho, qui aura lieu du 8 au 11 décembre, dans notre atelier!

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