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Les jolis gens

Géraldine de « Spéculoos »: rédac’ cheffe en quête d’authenticité

Mi-magazine, mi-livre, Spéculoos est un bonbon qui se déguste avec les yeux: pour ses photographies léchées et lumineuses. Et pour ses mots engagés et savoureux. Avec ce mook, Géraldine, photographe et journaliste, veut insuffler davantage d’authenticité au paysage médiatique.

Hello Géraldine! Avant de créer ton propre mook, tu avais travaillé pour d’autres médias?

“Oui, je suis diplômée en journalisme. Après l’IHECS, j’ai fait un master complémentaire à la VLEKHO Business School pour parfaire pour mon néerlandais. J’ai ensuite été engagée dans plusieurs boîtes de relation presse. Et puis, mon mari, qui est lui-même journaliste indépendant, m’a inspirée et j’ai envie de me lancer dans le journalisme. En fait, pendant mes études, on m’avait tellement découragée quant à ce métier que je n’avais jamais tenter le coup. J’ai envoyé des mails dans différentes rédactions et j’ai travaillé pendant 10 ans comme journaliste, traductrice et photographe, notamment pour le magazine NEST. »

Comment a débuté l’aventure Spéculoos ?

« Au bout de 10 ans comme journaliste indépendante, j’ai eu envie de changement, tout simplement. J’avais deux enfants et le désir de récupérer une stabilité financière. J’ai retrouvé un job à mi-temps dans la communication et j’ai pris rendez-vous avec une coache professionnelle. Un jour, j’ai évoqué avec elle mon projet de mook. Secrètement, je me disais qu’elle allait casser ce petit rêve. Sauf que — surprise! — elle m’a dit qu’elle trouvait ça génial et que je devais foncer. Ça m’a permis de débuter ma campagne de crowdfunding. Je dois beaucoup à cette coache car à chaque découragement, elle me boostait. »

Comment t’es venu l’idée de créer un format mook?

« J’en lisais moi-même énormément : Kinfolk, 3 fois par jour, ou Toc toc toc, par exemple. J’ai réalisé qu’on n’avait aucun magazine de ce genre en Belgique francophone, alors qu’ils fonctionnaient bien à l’étranger. Il y avait une place à prendre ! A côté de ça, j’étais moi-même lassée de ce que je lisais dans la presse classique. Les articles tournaient toujours autour des mêmes personnes, des mêmes projets. J’avais envie de mettre en avant des projets méconnus, qui n’avaient pas nécessairement beaucoup de presse. »

Quels sont les sujets de prédilection de Spéculoos ?

« La décoration, l’artisanat, la nature et la gastronomie. Tous nos reportages traitent de projets 100 % belges, que ce soit en Wallonie, à Bruxelles ou en Flandre. Il est important pour moi que Spéculoos mette en lumière des projets issus des quatre coins de la Belgique. »

Selon quels critères sélectionnes-tu tes sujets?

« Il faut tout d’abord que l’endroit soit visuellement intéressant car Spéculoos est un magazine basé sur la photographie. Il faut ensuite que chaque projet soit engagé dans le domaine de la durabilité, de l’écologie. Ces projets doivent apporter du positif à la société. Souvent, les porteurs de ces initiatives sont d’une grande humilité. Ils s’excusent presque d’être là et c’est un honneur pour moi de les mettre en avant. J’essaye aussi de choisir des sujets qui sortent de la frénésie de l’actualité. Les articles de Spéculoos sont intemporels : les premiers numéros se vendent d’ailleurs encore aujourd’hui.

Pour les intérieurs, j’axe aussi mon choix sur la durabilité : la plupart des maisons que je photographie sont remplies d’objets de récup’, de meubles, chinés, etc. Jamais vous ne verrez un intérieur de luxe, car c’est la simplicité qui est mise en avant dans Spéculoos. Ce ne sont pas des décorations qui en mettent plein la vue, qui sont m’as-tu vu. Je trouve la simplicité si jolie, si esthétique. C’est dans l’authenticité que se niche la beauté et la poésie. »

Souvent, les porteurs de ces initiatives sont d’une grande humilité et c’est un honneur pour moi de les mettre en avant.

Quel est le reportage qui t’a le plus marquée depuis que Spéculoos est né?

« C’est très difficile de choisir un seul reportage parmi la soixantaine de reportages déjà réalisés pour les différentes éditions du magazine, mais parmi les rencontres qui m’ont particulièrement marquée il y a Emily Avenson, floricultrice à Charneux, près de Liège, et Marie Brisart, céramiste à Hennuyères (Volume 1). J’ai aussi beaucoup apprécié le moment passé avec Delphine Quirin, modiste à Liège (Volume 3). Toutes les trois pour leurs belles personnalités, leur sens de l’accueil, les échanges riches et intéressants que l’on a pu avoir. Et si je devais choisir un seul volume, ce serait celui qui vient de sortir (Volume 6). Chaque rencontre m’a parue simple et évidente. C’était un vrai plaisir de travailler sur cette édition. »

Emily Avenson, floricultrice

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le travail d’écriture ?

« J’ai toujours bien aimé les magazines : ma grand-mère en achetait beaucoup. L’écriture, c’est venu après pour moi. Je me suis prise au jeu, petit à petit, durant mes études. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est de prendre le temps de bien écrire. De sélectionner les mots avec soin. C’est cette lenteur qui m’apaise. »

Quel est ton moteur ? Qu’est-ce qui te motive à gérer un magazine papier à une époque plutôt délicate pour la presse écrite ?

« Avec Spéculoos, je veux mettre en avant des projets belges dans le but d’inspirer les gens. Si les lecteurs lisent un reportage et que ça leur donne envie de consommer différemment, c’est gagné ! Idem pour les reportages déco’ : je veux montrer qu’on peut avoir un chouette intérieur, en chinant, en récupérant, sans nécessairement acheter du neuf. »

Quelles sont les valeurs que tu partages avec Tiroir de Lou ?

« On en partage beaucoup ! Nous sommes deux projets éthiques, engagés, belges. On promeut le fait main et le local aussi. Il est inconcevable pour moi de faire imprimer le magazine à l’étranger. J’essaye qu’il soit le moins polluant possible : tous les emballages sont en papier et le papier est labelisé FSC, avec de l’encre végétal. C’est essentiel pour moi : ça n’aurait pas de sens si mon projet générait plus de pollution qu’autre chose. »

Le numéro 6 de Spéculoos vient tout juste de sortir. Un joli cadeau à retrouver sous le sapin, que vous trouverez lors de mon marché de Noël Slow Ho Ho.

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