Voilà. Il est tombé. Le dernier rapport du Giec est là, effrayant, transparent, virulent. Les scientifiques du monde entier crient « au feu », et les plus « grands » de ce monde tournent le dos.
Il y a ceux qui ont senti les larmes monter, bien trop conscients de leur place et de leur rôle dans tout ce vivant qui brûle. Il y a ceux qui perdent les pédales, envahis par la trouille et le désarroi, qui se bourrent de fleurs de bach ou de petites pilules. Il y a ceux qui se bougent. Qui agissent. Par des grands ou des petits gestes. Ceux qui, par des choix conscients, améliorent chaque jour leur façon d’être au monde, qui créent des mouvements, des ong, mobilisent, organisent des manifestations, écrivent des essais… Et il y a ceux qui sont un peu tout ça à la fois.
Et puis il y a ces humains, vissés tout en haut (ou tout en bas, je ne sais plus) aux postes qui peuvent vraiment faire la différence et qui ne bougent pas le petit doigt. Sont-ils armés de poumons bioniques capables de filtrer le dioxyde de carbone? Ont-ils, dans leur chapeau, un truc capable de nettoyer les océans du globe en une nuit? Connaissent-ils l’existence d’une nappe souterraine secrète capable d’assurer l’apport en eau à toute l’humanité pour l’éternité? Ou ont-ils tous prévu de quitter la planète Terre dans leur plus beau vaisseau spatial, nous laissant là, nous battre pour les seuls lopins de terres vivables?
On légifère sur le port du voile au lieu de réinventer un système qui moisit. Pincez-moi!
J’ai parfois l’impression de devenir zinzin. Tout ce qui se passe au sein des instances gouvernementales me semble tellement anecdotique, comparé à l’ampleur de la tâche qui nous attend. On légifère sur le port du voile au lieu de réinventer un système qui moisit. Pincez-moi! Où sont passées les si belles valeurs fondatrices de nos pays? Que faudra-t-il pour que la conscience des dirigeants s’ouvre? Combien d’incendies seront-ils encore nécessaires pour dégivrer leurs cœurs de pierre? Combien d’inondations? De tsunamis? De typhons? De virus? Combien?
Il y a bien d’autres enjeux que nos choix individuels. Que nos brosses à dents en bambou, nos détergents maison et nos vélos électriques. Ne me comprenez pas mal: ils sont essentiels, ces « petits » choix-là. Mais tant que les plus grandes pièces du puzzle mondial ne bougent pas, ils ont désormais peu de chance de sauver notre belle Maison (et nous dedans). Je pense aux entreprises XXL qui n’ont aucun scrupule à écraser la Vie sur leur passage pour se remplir les poches. À ces industries destructrices. À ces exploitations qui tarissent les terres et font souffrir tant d’êtres vivants. Plus personne ne peut nier l’échec cuisant de notre monde patriarcal et capitaliste. Plus personne !
Chaque matin je me demande ce que je pourrais faire pour faire bouger les choses. Et je me sens démunie. Parce que même si mon cœur ne fait que grossir, je n’ai que trop peu de pouvoir dans mes petites mains. Vous qui l’avez, qu’attendez-vous? Que faites-vous? Comment dormez-vous? Qu’avez-vous prévu de dire à vos petits enfants? Que vous ne saviez pas?
Et vous, les « tout petits » comme moi, si vos angoisses liées à l’écologie vous submergent parfois, sachez que vous n’êtes pas seul(e)s. On est très nombreux à trembler. C’est pourquoi j’ai envie de terminer ce texte par deux choses que je fais pour dépasser ces peurs. D’une part, j’essaye de passer à l’action. Même avec de tous petits projets, comme décider de ne plus me rendre chez les fromager sans mes bocaux en verre. D’autre part, j’essaye de focaliser mon regard sur de belles personnes inspirantes que je découvre sur internet ou dans des livres mais aussi sur toutes les belles initiatives dont j’entends parler un peu partout. Les jours où la peur me laisse tranquille, je me surprends même à trouver cette époque passionnante tant la marge de progression est grande. Comme pour beaucoup de choses dans la vie, il est encore une fois question de point de vue !
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