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Lou papote

Chérir le paradoxe de la maternité

Même si j’avais très envie d’être mère, j’avais aussi très peur de le devenir. J’avais peur de ne pas être à la hauteur. Peur de ne plus avoir assez de temps pour moi. De regretter. De me perdre.

De perdre le sommeil. De perdre l’harmonie de mon couple. De trop m’attacher, aussi. D’angoisser à la moindre égratignure. De tout foirer, d’être trop, pas assez. De me noyer dans mes doutes. De m’épuiser. Deux ans après la naissance de ma fille, je réalise que j’ai presque vécu/ressenti toutes ces choses. Et que ce n’était finalement pas très grave. Parce que tout passe. Parce que l’humain a l’immense capacité de pouvoir s’adapter à beaucoup de choses. Et puis peut-être aussi parce que la vie m’a enseigné une chose essentielle: la résilience. Je me sens parfois perdue, j’angoisse de temps en temps, je cours après le temps, je me dispute, je doute. Mais je n’ai jamais eu le cœur aussi rempli. Je chéris tous les jours la vie de m’avoir fait le cadeau de ces transfusions de joie et d’amour au quotidien. Je n’en reviens pas de l’émerveillement que nous offre notre fille depuis le jour où on a appris sa présence sous mon nombril. Oui, je me perds, mais je découvre une version de moi que je n’aurais jamais eu l’occasion de rencontrer. Oui, on se dispute avec son papa, mais notre amour a gagné en force et en stabilité. Oui, j’ai peur, mais mes angoisses n’ont plus le temps de me grignoter. Oui je manque de temps pour moi, mais j’apprends à comprendre ce qui importe le plus à mon bien-être. Oui je suis fatiguée, mais je ne me suis jamais sentie aussi vivante.

Quand je rêvais de devenir mère, je devais composer avec tous les propos anxiogènes que je pouvais lire/entendre au sujet de la maternité. J’ai dû me battre pour pouvoir porter un enfant pile au moment où les langues se sont déliées au sujet de la maternité. Des difficultés du post partum, des nombreuses complications possibles, de l’épuisement, de la dépression (coucou Bliss, Coucou La Matrescance). J’entendais mes amies-mères parler, entre elles, de leurs petites nuits, des reflux, du terrible two, de leur fatigue, etc. Mais elles oubliaient souvent de parler de toutes les belles choses que la maternité leur offrait. Je les comprends. Mais même si cette grande vague de sororité était (et est toujours) particulièrement précieuse, je me suis sentie perdue. Pourquoi étais-je entrain de me battre ? Comment continuer à rêver ? Que pouvais-je vraiment espérer ? 

Oui je manque de temps pour moi, mais j’apprends à comprendre ce qui importe le plus à mon bien-être. Oui je suis fatiguée, mais je ne me suis jamais sentie aussi vivante.

Je suis vraiment très reconnaissante d’avoir été avertie des difficultés que peut représenter la grande aventure de la maternité. Mais j’aurais aimé trouver, en parallèle, de beaux et profonds récits de mères épanouies (même à mi-temps). J’ai cherché des romans parlant de la beauté des liens que l’on peut tisser avec un enfant. J’ai cherché des témoignages de femmes profondément heureuses d’être devenues mères. Des histoires où le couple peut exister au même titre que la famille. Des histoires vraies et sincères, qui parlaient autant de la magie de l’expérience que des épreuves. Je n’en ai pas trouvés beaucoup. 

Une chose est sûre: nous ne sommes pas toutes égales, dans notre expérience de la maternité. Il y a des femmes que la vie gâte et qui deviennent mère sans trébucher. Pour d’autres, vouloir donner la vie peut relever de l’épreuve. Certaines femmes, en voulant donner la vie, finissent par fleurter avec la mort. Il y a les pertes, les deuils, les regrets, le vide, les liens difficiles à tisser, les nuits blanches, les enfants-tempêtes, les maladies, la solitude. Mais j’avais envie de graver par ici, que la maternité, peut aussi être quelque chose de MERVEILLEUX. Complexe, dur, fatiguant, angoissant, mais MERVEILLEUX. Rien ne vaut la joie et le réconfort du câlin du matin. Rien ne vaut la douceur du regard d’un enfant reconnaissant. Rien ne vaut la chaleur d’un petit cou où enfuir son visage. Rien ne vaut les rires d’un enfant qui s’épanouit. Rien ne vaut la puissance de la complicité qui se tisse au fil des jours. Rien ne vaut l’émerveillement que nous offre un enfant qui grandit. Si vous nourrissez secrètement l’envie de devenir mère, retenez simplement que comme pour tous les grands projets de la vie, il y aura du bon et il y aura du moins bon. Retenez que comme pour tout, les polarité de la vie s’entremêleront. Il y aura des étincelles autant que des étoiles. Vous ne pourrez rien contrôler. Ce sera la plus grande expérience de lâcher prise de toute votre vie. Mais il n’y a rien de plus triste qu’un rêve qu’on a laissé s’éteindre dans un tourbillon de peurs. 

Je vous embrasse toutes, les mamans épanouies, les mamans décousues, les futures mamans, les mamanges, les mamans de cœur, les mamans en puissance qui (dés)espèrent toujours, les mamans qui peinent à se relever de leur post partum, les mamans qui regrettent leur vie d’avant, et toutes celles qui font le choix de cœur de chérir leur liberté.

Retenez que comme pour tout, les polarité de la vie s’entremêleront. Il y aura des étincelles autant que des étoiles.

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