Auriane de Pierpont est artisane des mots: elle joue et jongle avec eux pour composer des histoires pour enfants. Elle les publie via « Marmottons » sa propre petite maison d’édition.
Des albums jeunesse, mais pas que! Les Editions Marmottons ont la particularité de rassembler mots, pinceaux et notes de musique. Auriane pose l’histoire sur papier, Colombe la transforme en dessins colorés et poétiques et Geoffrey la met en musique. Un projet à trois têtes (cœurs) que j’adore pour son humeur, sa bienveillance et son engagement. « Marmottons » a pour vocation de conscientiser nos marmots à un monde plus juste.
Comment as-tu commencé à écrire des livres pour enfants?
“J’écris depuis que je suis en âge de tenir un bic en main. Dans le cadre de mon métier de logopède, j’ai été amenée à écrire des histoires pour les enfants afin de mettre en contexte les activités que je leur proposais. En revanche, je n’ai jamais su dessiner et ça a toujours été une grande frustration pour moi. J’ai un niveau de troisième maternelle (rires). J’ai bossé deux ans au Québec; et quand je suis rentrée en Belgique, j’ai rencontré Colombe, qui est illustratrice. Je lui ai envoyé un de mes textes pour lui proposer de les illustrer et la magie a tout de suite opéré.”
Vous étiez tout de suite sur la même longueur d’onde?
“Oui, on partage des valeurs importantes comme la solidarité, la parentalité positive, la bienveillance. Mais on est aussi très complémentaires et c’est sans doute ça qui fait notre richesse: Colombe est plus organisée, alors que je suis quelqu’un de très dispersé. Ce sont des traits de caractère qui s’associent assez bien. Ensuite Geoffroy nous a rejoint un peu plus tard. Il joue de la guitare, c’est comme cela que nous est venu l’idée de créer tout un univers autour de nos histoires avec les enfants. Les livres sont toujours accompagnés d’une chanson en lien avec l’album.”
Comment trouvez-vous vos fameuses thématiques de livre, qui donnent tant de sens à ce projet?
“On n’a pas de recettes magiques mais ce sont en général des thématiques que je connais via mon autre job de logopède, des sujets que j’ai vécus, qui m’animent. Par exemple, on a publié un livre qui parle du parcours des migrants: on a accueilli des migrants chez nous, à la maison, et ça m’a donné envie de continuer à mettre ma pierre à l’édifice de cette problématique immense. L’idée, c’est de transmettre des messages aux enfants de manière légère, sans jamais être moralisateurs. Notre livre Jules, le jardinier parle davantage de la confiance en soi et des soucis de communication. Celui-là vient clairement de mon expérience de logopède, car il fait écho aux enfants qui éprouvent des difficultés avec le langage. J’aime faire relire mes histoires aux parents des enfants que je suis, pour être sûre que l’histoire sonne juste, et que ce soit en accord avec leur réalité. Plus vite Elliot, nom d’une carotte est un livre qui traite de la pleine conscience. Je voulais montrer l’apport d’un enfant contemplatif dans une famille, dans la course folle qu’est la vie. Celui-là est basé sur ma propre vie: j’étais moi-même une petite Elliot, toujours dans la lune! »
J’aime faire relire mes histoires aux parents des enfants que je suis, pour être sûre que ça sonne juste, et que ce soit en accord avec leur réalité.
Comment t’y prends-tu pour le processus d’écriture?
« D’abord, je ressens le besoin d’écrire sur une thématique, comme les migrants par exemple. Je me renseigne sur le sujet, j’interviewe des personnes qui y sont confrontées de près. Je lis beaucoup aussi. Et puis je réfléchis à une façon de rendre la problématique accessible aux enfants: il ne faut pas que ce soit trop lourd ou trop dur. Une fois que tout ça est réfléchi, tout vient de manière fluide. Je viens avec mon texte et Colombe est libre d’imaginer les dessins. Parfois, ce sont ses illustrations qui influencent le texte. Et puis bien sûr: on teste les histoires sur mes petits bouts de 5 ans, 2 ans et 9 mois. C’est le meilleur crash test! »
Quels sont les retours des parents et des enfants sur vos livres?
« J’ai eu pas mal de retour sur l’histoire Les pas de Sacha: celui qui traite de la problématique de l’accueil des migrants. Une amie m’a fait un message vocal en m’expliquant que sa petite fille avait été émue aux larmes par cette histoire. Elle avait un petit Ukrainien dans sa classe et elle a donc pu faire le lien avec la réalité et se rendre compte du parcours de ce petit garçon. On a aussi beaucoup de retours sur le premier livre, Plus vite Elliot, nom d’une carotte. Les parents utilisent les métaphores du bouquin dans certaines situations du quotidien: ‘Là on va faire un week-end tortue. Là, on active le petit lapin’. Ça nous touche que nos métaphores soient utiles. Avec les plus jeunes enfants, on est plus dans l’émotionnel que dans la compréhension à proprement parler: ça leur permet déjà de ressentir l’empathie, de comprendre notre monde et ses petites/grandes complexités. »
Doit-on rester un grand enfant pour écrire des albums jeunesse?
« Oui, je pense être un grand enfant moi-même. J’adore me plonger dans l’univers enfantin, j’ai choisi mon métier de logopède aussi pour ça: je joue toute la journée et cet aspect ludique éveille mon envie de rester un enfant. »
Tu éveilles ma curiosité… Quel sera le sujet de votre prochain livre?
« Le prochain album parlera d’enfants qui prennent la place de leurs parents. Il s’appellera Mazette, nos parents ont perdu la tête. Les parents deviendront des enfants et inversement. En arrière-plan, celui-là traite de parentalité positive et d’empathie. Il est plus léger que les autres et très rigolo! »
Vous pourrez feuilleter les livres des Editions Marmottons lors de notre grand marché des artisans Slow Ho Ho, qui aura lieu du 8 au 11 décembre prochain. En attendant,
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