Je ne me reconnais pas toujours dans ce que je vois/lis/entends à propos du « féminisme » en général.
J’y cherche trop souvent de la nuance. Je crois que la colère – bien que terriblement justifiée – exprimée sans filtre, déforce parfois les meilleurs arguments et les plus grandes vérités. Je crois que cette colère explosive peut nous faire passer à côté de la joie d’avancer auprès de nos meilleurs alliés: les hommes. Nos doubles, au cœur de cette Humanité bancale. Car oui, il y a beaucoup d’hommes qui respectent les femmes. Car oui, il y a beaucoup d’homme sensibles, connectés à leurs cœurs. Oui, il y a beaucoup d’hommes fondamentalement « féministes ». Nous sommes Humains avant tout et le vrai débat actuel dépasse finalement notre vision étriquée du ”genre”.
Au fil d’un long et profond travail sur moi, ma vision du monde s’est transformée. Et je ne trouvais que peu d’écho dans ce que je lisais. Jusqu’au jour où j’ai découvert le terme ”Écoféminisme”. Je ne suis pas une adepte des étiquettes, je les fuis généralement. Mais à l’instant où j’ai entendu le nom de ce courant de pensée, prononcé alors par l’écologiste Vandana Shiva, mon cœur a frappé à la porte. Je ne me sentais plus seule avec ces convictions qui s’enracinaient jour après jour dans mon ventre, pour lesquelles je ne trouvais pas de ”case ».
Je crois, du plus profond de mon cœur, que si l’humanité s’est perdue, c’est parce qu’elle a dépensé trop d’énergie à museler la féminité. Et je ne parle pas de celle que nous vendent les panneaux publicitaires.
Comme Vandana Shiva, Pierre Rabhi et tant d’autres, je crois que ce n’est qu’en refaisant une place sacrée aux femmes que nous pourrons changer ce monde. Je crois que l’écologie et la place faite aux femmes sont intimement liées. Je crois, du plus profond de mon cœur, que si l’humanité s’est perdue, c’est parce qu’elle a dépensé trop d’énergie à museler la féminité. Et je ne parle pas de celle que nous vendent les panneaux publicitaires. Je parle de cette belle énergie féminine présente sur Terre. Le Yin, ce « féminin sacré » dont on parle de plus en plus. Ce pôle en chacun et chacune de nous, qui brille aux côté de notre yang. Ces fréquences d’amour, de douceur, de tendresse, d’accueil, d’émotionnel, de sensibilité, de générosité, de subtilité, de créativité, en résonance avec la Terre et le Vivant.
Je suffoque à chaque fois que je constate – et ressens dans ma chair – un stigmate de plus du patriarcat. Je me sens si souvent cernée par ce monde construit au gré d’âmes malades, vides, assoiffées de pouvoir et de domination. C’est de cela dont je souffre. C’est de cela dont nous souffrons tous, nous, les humains. C’est de cela dont souffre notre système. C’est de cela dont souffre notre planète. Nous souffrons d’une déconnexion profonde du cœur. De la Vie. Du Vivant. De la Terre. De l’Essentiel. Nous avons perdu notre lien à la nature. À cette sagesse. Au sacré. Notre conscience s’est rétrécie au même rythme que nos cœurs.
J’étais fondamentalement douce mais j’avais, au fil de la vie, appris un mode de vie ”dur”. Je croyais devoir devenir une guerrière pour affronter ce monde.
Et cette déconnexion, qui semble aujourd’hui si évidente à l’extérieur de nous, existe aussi à l’intérieur de nous. Je l’ai, personnellement, vécue comme cela. Je vivais dans la peur. La peur de perdre. La peur de mourir. La honte. D’être née du « sexe faible ». Je croyais que cela me volait ma ”valeur ». J’avais besoin de plaire. De me sentir exister. Je vivais vite et fort, branchée sur le mode de la survie. Dans des énergies plutôt ”masculines » un peu maladroites et finalement plutôt destructrices. J’étais fondamentalement douce mais j’avais, au fil de la vie, appris un mode de vie ”dur”. Je croyais devoir devenir une guerrière pour affronter ce monde. Je cherchais de la sécurité partout autour de moi, car je ne la trouvais pas à l’intérieur de moi. Et dans cette grande tornade humaine, je me suis perdue. Je me suis déconnectée de moi. De mes valeurs fondamentales. De de mes racines. De ma belle féminité.
Finalement, ces âmes « oppressantes » qui mènent le monde à sa dérive sont toutes les mêmes: elles feignent la puissance mais elles sont gouvernées par la peur. Elles s’obstinent à cacher, honteuses, les trous béants de leurs coeurs. Un manque d’amour originel, une blessure d’amour propre, un déracinement. Ce truc douloureux et invisible hérité dans l’enfance, qui prive de cette précieuse sécurité intérieure dont nous manquons presque tous aujourd’hui. Ces bobos font alors flotter les âmes en peine dans un vide existentiel qu’il s’agit avant tout de combler. J’ai fonctionné comme ça. Et je sais aujourd’hui que l’on peut fonctionner autrement. Petit à petit, je me suis reconnectée à ma puissance de Femme. A mon féminin sacré. A mon beau Yin. Au sens de la Vie. J’ai retrouvé ma place sur Terre, plus apaisée, plus confiante et plus ouverte. J’ai encore du chemin à parcourir mais je respire mieux. Ohlala, que je respire mieux.
Nous ne sommes que de passage. Nous ne sommes QUE des humains. Des êtres vivants, au même titre que les peupliers, les ours, les orties et les fourmis.
J’ai adopté la même grille de lecture pour le covid. Ce n’est qu’une petite leçon d’humilité enrobée dans un grand chaos. Et il faut ouvrir sa conscience pour apercevoir la lueur d’espoir que ce fichu virus nous apporte. Nous ne possédons rien. Nous ne possédons pas la vie. Alors que nous pensions tout dominer, tout contrôler, tout posséder, nous réalisons avec stupeur que nous sommes finalement bien petits. Nous ne sommes que de passage. Nous ne sommes QUE des humains. Des êtres vivants, au même titre que les peupliers, les ours, les orties et les fourmis. Nous sommes juste ici pour vivre une expérience incroyable: la Vie. Et tant que nous ne nous reconnectons pas à l’essence même de La Vie, nous faisons du mal à la Terre. Tant que nous n’apprenons pas à prendre soin d’elle, de nous et de tous les autres autour, nous faisons du mal a l’être profond qui se cache en nous. Nous étouffons ce qui Vit véritablement en nous. Nous castrons ce qui fait battre nos cœurs.
Alors il est urgent de se poser cette question: « Qu’est-ce qui vit profondément en moi? Pour quoi mon cœur bat-il? » Et cette fois, n’y répondons pas avec notre cerveau, avec notre égo, avec notre soif de ”plus”. Mais plutôt avec cette voix douce, confiante et calme en nous. Celle qui part du cœur et nous chuchote les vrais élans de notre âme.
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