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Lou papote

Les entrepreneurs ne sont pas des héros

Y a quelque chose de particulier derrière l’étiquette de « L’entrepreneur ». C’est un mot qui évoque pour beaucoup de gens les notions de puissance, de courage, de réussite.

Et il y a des spécialistes en la matière, qui surjouent un peu le personnage de l’entrepreneur à l’américaine sur les réseaux. Cet espèce de superhéros du monde professionnel, qui se place l’air de rien un peu au-dessus des autres. Et je me dis que ces gens doivent induire, inconsciemment ou pas, des complexes chez certaines personnes. Alors j’ai envie de remettre l’église au milieu du village. Même si c’est quelque chose qui est très valorisé dans notre société, entreprendre n’est pas un but en soi. C’est aussi un verbe utilisé à toutes les sauces pour un bon millier de réalités différentes. 

Un entrepreneur ne vaut évidemment pas plus que quelqu’un d’autre que ce soit sur le marché du travail ou dans la vie tout court. J’ai d’ailleurs envie de vous rappeler une banalité qu’on ne répètera jamais assez: notre statut professionnel ne détermine en rien notre valeur profonde. Il faudrait d’ailleurs arrêter de se présenter socialement en mentionnant notre métier. Un créateur d’entreprise n’a pas forcément plus de courage ou de puissance qu’un employé (ni même qu’un demandeur d’emploi). Il n’est pas non plus forcément plus heureux au travail. Il y a certes des entrepreneurs très épanouis, comme il y a des employé comblés. Et on peut s’éteindre ou s’étioler au boulot que l’on soit engagé dans une entreprise lambda ou son propre chef. Ce qui compte c’est l’épanouissement que l’on peut ressentir. C’est ce que l’on est capable de donner dans notre travail. C’est cette force que l’on a envie déployer quand on se sent à notre place. 

Etre cheffe d’entreprise n’était en tout cas pas un but en soi pour moi. Je me suis retrouvée à cette place un peu malgré moi. Parce que j’avais beaucoup d’idées, beaucoup d’envies et beaucoup de créativité en moi. Et surtout, j’avais envie d’en faire quelque chose. De pouvoir transmettre tout ce que je portais. Créer mon entreprise m’a semblé être le chemin le plus « souple » pour donner vie à mes élans. Je suis ce que j’ai envie d’appeller une « créative entrepreneuse », pas une « business women », et je crois que ça fait toute la différence. Car c’est l’intention du fondateur qui donne la direction d’un projet. J’étais donc loin d’imaginer la tournure que prendrait ma petite marque de bijoux quand j’ai créé mon entreprise. Je vous avoue qu’après 11 ans d’entreprenariat, et même si ce projet me comble, je me demande encore parfois si j’étais faite pour ça. 

Ce qui compte c’est l’épanouissement que l’on peut ressentir. C’est ce que l’on est capable de donner dans notre travail. C’est cette force que l’on a envie déployer quand on se sent à notre place. 

Si je regarde le verre à moitié plein, je vous dirais que j’aime la souplesse, le mouvement, le « tout est posssible », l’énergie, l’indépendance et la liberté (même si elle est toute relative). J’aime apprendre et expérimenter au quotidien. J’aime me découvrir, encore et encore. J’aime me dépasser, me surprendre. J’aime inventer mes propres règles. J’aime travailler auprès de mon équipe car j’ai la chance d’être merveilleusement bien entourée. J’aime les belles rencontres que ce projet rend possible. J’aime avoir le sentiment de faire les choses bien, de réinventer un modèle périmé. Je suis tellement heureuse que ma créativité ait trouvé un espace pour vivre sa meilleure vie. Et surtout, surtout, j’aime la magie du parcours initiatique auquel ce projet m’invite depuis le premier jour. Je ressens énormément de gratitude au quotidien pour ce trésor de vie, de joie et d’enseignements ! 

Mais je crois que tout le monde n’est pas fait pour s’épanouir dans l’entreprenariat. Il est vraiment question de personnalité, de tempérament et de choix de vie. De mon expérience, entreprendre peut être quelque chose de complexe et challengeant. Il faut en tout cas être capable de bien s’entourer et de prendre soin de soi. Comme j’ai déjà expérimenté le burn out par le passé, je suis très attentive à mes ressources. Je fais très attention à mon bien-être personnel et à ma santé mentale car si je tombe, j’emmène 12 autres personnes dans ma chute. J’ai donc tout organisé pour que ma vie de cheffe d’entreprise soit la plus douce possible. Si j’en crois mon expérience, c’est tout à fait possible quand la folie des premières années s’est dissipée. 

Il y a une autre notion que j’ai envie d’aborder ici: la richesse d’avoir une passion à côté de sa vie pro. Cette petite soupape, qui nous permet de reprendre notre respiration dans la frénésie de nos vies. Cette activité qui nous fait vibrer et que l’on a envie de chérir. Quand on choisit de transformer ce trésor en « vrai » projet, on prend le risque de mettre notre petite étincelle à l’épreuve. Ce n’est en aucun cas une raison de ne pas se lancer mais c’est un sujet à garder en tête. Pour pallier à ce phénomène destructeur, j’ai pris le parti de continuer à créer pour moi. Je ne crée jamais pour vendre, au sens propre. Je continue de suivre mes élans du cœur et je crois que c’est une clé fondamentale pour préserver sa flamme. 

Si vous ressentez l’envie de vous lancer et d’entreprendre, faites-le pour vous. Pour réaliser un rêve. Pour offrir de l’espace à une part de vous qui demande de s’éveiller d’avantage. Si ce projet part de votre cœur, tout ira bien. Mais ne vous lancez jamais au nom d’une quelconque pression sociale. Vous ne serez pas en échec si vous faites le choix de garder votre passion et vos talents pour vous. Ni même si vous avez l’impression de n’avoir aucun talent à offrir (ce dont je doute). Je crois en tout cas sincèrement que pour cocréer un monde meilleur, il faudra que toutes les initiatives individuelles partent de cet espace-là: le cœur.

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